L'être Et Le Néant by Jean-Paul Sartre

L'être Et Le Néant by Jean-Paul Sartre

Auteur:Jean-Paul Sartre [Jean-Paul Sartre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2013-07-31T22:00:00+00:00


II

LE CORPS POUR AUTRUI

Nous venons de décrire l’être de mon corps pour-moi. Sur ce plan ontologique, mon corps est tel que nous l’avons décrit et il n’est que cela. En vain y chercherait-on les traces d’un organe physiologique, d’une constitution anatomique etspatiale. Ou bien il est le centre de référence indiqué à vide parles objets-ustensiles du monde, ou bien il est la conlingence que le pour-soi exisie ; plus exactement, ces deux modes d’être sont complémentaires. Mais le corps connaît les mêmes avatars que le pour-soi lui-même : il a d’autres plans d’existence. Il existe aussi pour auirui. C’est dans cette nouvelle perspective ontologique que nous devons à présent l’étudier. II revient au même d’étudier la façon dont mon corps apparaît à autrui ou celle dont le corps d’autrui m’apparaît. Nous avons établi, en effet, que les structures de mon être-pour-autrui sont identiques à celles de l’être d’autrui pour moi. C’est donc à partir de ces dernières que nous établirons la nature du corps-pour-autrui (c’est-à-dire du corps d’autrui) pour des raisons de commodité.

Nous avons montré dans le précédent chapitre que le corps n’est pas ce qui me manifeste autrui d’abord. Si, en effet, la relation fondamentale de mon être à celui d’autrui se réduisait au rapport de mon corps au corps de l’autre, elle serait pure relation d’extériorité. Mais ma liaison à autrui est inconcevable si elle n’est pas une négation interne. Je dois saisir autrui d’abord comme ce pour quoi j’existe comme objet ; le ressaisissement de mon ipséité fait apparaître autrui comme objet dans un second moment de l’historialisation antéhistori-que ; l’apparition du corps d’autrui n’est donc pas la rencontre première, mais, au contraire, elle n’est qu’un épisode de mes relations avec autrui et, plus spécialement, de ce que nous avons nommé l’objectivation de l’autre ; ou, si l’on veut, autrui existe pour moi d’abord et je le saisis dans son corps ensuite ; le corps d’autrui est pour moi une structure secondaire.

Autrui, dans le phénomène fondamental de l’objectivation de l’autre, m’apparaît comme transcendance transcendée. C’est-à-dire que, du seul fait que je me projette vers mes possibilités, je dépasse et transcende sa transcendance, elle est hors de jeu ; c’est une transcendance-objet. Je saisis cette transcendance dans le monde et, originellement, comme une certaine disposition des choses-ustensiles de mon monde, en tant qu’elles indiquent par surcroît un centre de référence secondaire qui est au milieu du monde et qui n’est pas moi. Ces indications ne sont point, à la différence des indications qui m’indiquent, constitutives de la chose indiquante : ce sont des propriétés latérales de l’objet. Autrui, nous l’avons vu, ne saurait être un concept constitutif du monde. Elles ont donc toutes une contingence originelle et le caractère d’un événement. Mais le centre de référence qu’elles indiquent est bien l’autre comme transcendance simplement contemplée ou transcendée. C’est bien à autrui que me renvoie la disposition secondaire des objets comme à l’organisateur ou au bénéficiaire de cette disposition, bref, à un instrument qui dispose les ustensiles en vue d’une fin qu’il produit lui-même.



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